Passeurs de mémoires
Le projet « Les Enfants de Sam » a pour vocation de devenir en premier lieu un projet pédagogique. Le site doit être ainsi utile aux enseignants et aux élèves pour interroger, à partir des questions aux programmes du collège et des lycées sur la Seconde Guerre mondiale, la manière dont se constitue une mémoire, comment elle s’exprime et surtout comment elle se transmet :
- De manière horizontale dans un cercle plus ou moins large au sein de groupes, eux-mêmes différents et pouvant fonctionner par emboîtements successifs, complémentaires ou discordants (familial, communauté de déportés, réseau amical, société).
- De manière verticale entre les générations au sein de chacun de ces groupes.
C’est donc bien la question de la transmission mémorielle qui est au cœur du projet, en privilégiant l’espace éducatif et le temps de l’éducation.
- L’espace :
car de multiples acteurs interviennent dans ce cadre : des professeurs (histoire, lettres, philosophie, arts plastiques, professeurs documentalistes, etc.), des témoins, des artistes, des universitaires ; ainsi se juxtaposent, se croisent, parfois se téléscopent des multitudes de récits, de celui avéré de la recherche et du cours d’histoire au récit personnel et singulier du témoin, en passant par les apports informationnels des médias ; - Le temps :
dans le cursus d’un élève ces questions sont posées à de multiples reprises, sous des formes et des modalités différentes selon les termes posés par les programmes, la qualité et les choix pédagogiques de l’enseignant, du primaire à la terminale. De plus, aux témoins peuvent succéder les témoins des témoins, c'est-à-dire ceux qui ont enregistrés, qui se sont appropriés les récits des témoins disparus pour transmettre leur parole : comment le font-ils ? Est-ce un récit similaire ou autre ? Comment les élèves perçoivent-ils ces nouveaux locuteurs ? C’est l’exemple de Malka Braun qui a repris le flambeau de son père Sam Braun.
Ce que le projet veut chercher à mettre à jour
Que retient-on du récit du témoin ? Comment l’élève, le professeur parviennent-ils à composer entre ce qu’ils entendent, comprennent venant du témoin, et ce qu’ils apprennent ou ont appris venant de l’enseignement, de la sphère familiale ou informationnelle? Quelle est la part du factuel ? Celle des aspects fondamentaux et notionnels ? Celle d’un récit d’une vie, qui devient récit de vie ou par sa propre vie ? La portée du message du témoin, passée au crible des autres informations est-il de nature factuelle, un ajout au cours fondé sur une « expérience humaine », ou/et est-il de nature philosophique et politique sur le sens de la vie et de l’engagement dans la vie de la Cité ? Est-il en rapport exclusif avec le passé, ou parle-t-il tout autant du présent et de l’avenir ?
Mais au-delà, le projet vise aussi, sur les mêmes enjeux, le grand public qui s’intéresse à ces questions, et qui pourra contribuer à alimenter le site par des récits de mémoire et des témoignages sur la Shoah, sur les génocides, les crimes contre l’humanité, sur la manière de conserver une alerte citoyenne concernant les faits et événements, sur les questions politiques, sociales et culturelles qui peuvent conduire aux mêmes drames. L’association « Les Enfants de Sam- Mémoire et Vigilance » a pour vocation à organiser à partir des réflexions et informations accumulées des conférences, des débats publics.
L’intitulé « Les Enfants de Sam – Mémoire et Vigilance » prend racine autour de la personnalité et de l’action de Sam Braun. Ses héritiers sont ses enfants et sa famille, mais aussi et surtout toutes celles et tous ceux qui veulent œuvrer dans le même esprit pour la conservation de la mémoire des drames du passé et qui veulent rester vigilant pour les drames présents et ceux qui pourraient advenir.